Nanjing : Ville de massacres. ( 2 partie)

Publié le par guillaume

IMG 20120304 095941La révolte des Taiping est un soulèvement majeur qui eut lieu dans le sud, puis le centre de la Chine, entre 1851 et 1864; cette révolte, dont la dynastie des Qing mit près de quinze ans à venir à bout, tire son nom du royaume que les rebelles avaient fondé en Chine du sud et en Chine centrale, le Taiping Tian Guo, ou « Royaume céleste de la Grande Paix » d'où provient le nom de Tàipíng (« Grande Paix ») qui désigne cette révolte.

Cette guerre civile totale est généralement considérée comme l'un des conflits les plus meurtriers[1],[2]de toute l'Histoire[.]

Le fondateur du mouvement, Hong Xiuquan (1812-1864), qui avait lu des brochures religieuses remises par des missionnaires, se disait frère cadet de Jésus-Christ. Il promulgua une réforme agraire après la prise de Nankinen 1853, dans laquelle il instituait de profondes réformes sociales telles que l'égalité des sexes, accompagnées toutefois d'une stricte séparation entre les hommes et les femmes. Cette réforme s'accompagnait de mesures révolutionnaires : la propriété foncière privée était abolie ; nourriture, vêtements et autres biens de consommation courante étaient mis en commun dans des entrepôts publics, et distribués à la population selon leurs besoins par leurs chefs militaires ; l'opium, le tabac et l'alcool étaient désormais interdits.

L'historiographie communiste chinoise considère que le mouvement Taiping préfigure la révolution communiste par ses aspects sociaux et ses concepts égalitaires[].

 

Causes

Les grandes révoltes paysannes, précédées ou accompagnées du développement de sociétés secrètes, ponctuent l'histoire de la Chine. Elles sont généralement la conséquence d'une crise alimentaire ou de graves difficultés économiques, souvent liées à des catastrophes naturelles (débordement du Yangzi Jiang ou du Fleuve jaune (Huang He). Les Chinois voient dans de telles catastrophes le signe que la dynastie perd le « mandat du Ciel » (Tianming), ce qui légitime alors son renversement.

La figure emblématique de cette révolte est le chef des Taiping, Hong Xiuquan (1813-1864), Hakkaoriginaire de la classe sociale paysanne. Le nom qu'il avait reçu à la naissance était Hong Huoxiu, qu'il changera après avoir eu ses visions en 1837[]. En 1836, il rencontre un étranger barbu, un missionnaire (probablement Edwin Stevens) dont l'interprète, un cantonnais chrétien du nom de Liang Afa, lui remet neuf fascicules, intitulés « Bonnes Paroles pour exhorter notre époque » (Quanshi liangyan) qu'il avait lui-même rédigés sur la foi chrétienne. Hong Xiuquan ne les lit pas, mais les conserve[]. Après son troisième échec aux examens de la fonction publiquede la Chine impériale, en 1837, il tombe gravement malade, et est pris de délires ; il a des visions, qu'il ne sait pas interpréter[].

Après son quatrième et ultime échec au shengyuan, en 1843, le premier degré des examens d'entrée dans la fonction publique (le fait d'y réussir lui aurait conféré le statut de lettré, et lui aurait permis de percevoir une subsistance régulière de la part du pouvoir), Hong Xiuquan, aigri par son insuccès, lit enfin les brochures qui lui avaient été données en 1836, et donne d'un coup un sens aux visions qu'il avait eu en 1837. Pour lui, elles signifient qu'il est en réalité le deuxième fils du Dieu de la religion chrétienne et qu'il a pour mission de combattre la domination du mal[], qu'il n'identifie que beaucoup plus tard, à la fin de 1849, comme étant la dynastie mandchoue des Qing[].

 Fin

Les querelles internes ont durablement désorganisé le royaume des Taiping, et éliminé un certain nombre de leurs meilleurs généraux. L'élan est cassé, et la question d'étendre le royaume vers Pékin n'est plus à l'ordre du jour. Du côté des Qing, les armées inefficaces du début sont secondées par l’armée de Xiang et l’armée de l'Anhui. Et bientôt, les Occidentaux abandonnent leur neutralité.

L'appui des Occidentaux, à partir de 1860 environ, est acquis aux Impériaux, et principalement celui de la Franceet du Royaume-Uni. Ces deux pays étaient restés neutres au départ dans ce conflit interne, car ils menaient par ailleurs la seconde guerre de l'opiumavec le gouvernement des Qing, et regardaient avec sympathie les Taiping « chrétiens ». Mais après les missions d'observation de 1854 (qui conclurent à la difficulté de traiter avec les Taiping et au caractère fantaisiste de leur christianisme), et surtout avec la fin de la seconde guerre de l'opium(1856-1860), conclue par le traité de Tianjin en 1858, puis la convention de Pékin en 1860, les raisons de se distancier du gouvernement Qing cessent. La convention de Pékin accorde en effet à la France, au Royaume-Uni et à la Russie de grands avantages commerciaux et territoriaux (Hong Kong pour les Anglais, une partie de la Mandchourie pour la Russie).IMG 20120304 100647

 

 

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